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mardi 6 juillet 2010

The Tudors 4x10 | Finale
Métaphysique et prise de poids

L'épisode débute par ce cheval au galop et la voix d'Henry, qui dit :
When we compare the present life on Earth with that time of which we have no knowledge, it seems to me like the swift flight of a single sparrow through a banqueting hall on a winter's day.
Now, after a few moments of comfort, he vanishes from sight into the wintery world from which he came.
Even so, man appears on Earth, for a little while. But of what went before this life, or what will follow, we know nothing.

Quand on compare la vie de l'homme sur cette Terre à ce temps sur lequel nous ne savons rien, cela m'apparaît comme le vol rapide d'un unique moineau, à travers une salle de banquets, un jour d'hiver.
Après quelques instants de confort, il disparaît dans ce monde hivernal d'où il est venu.
De la même manière, l'homme apparaît sur Terre, pour un court instant. Quant à ce qu'il y a avant cette vie, ou ce qui suivra, nous n'en savons rien.

Plus tard dans l'épisode, Henry, vieillissant et qu'on imagine proche du trépas, se reverra jeune (le pourpoint en cuir, c'était rock'n'roll) et menacé par un chevalier à la face lugubre de Grande Faucheuse.





Mais revenons au début de l'épisode.
Juste après cette intro magique & irréelle, Henry et Charles Brandon, son ami de toujours, ont une conversation des plus existentielles qui donne clairement le ton que va prendre ce final :

Henry : In these last days, I have been thinking a great deal about loss. What loss, your Grace, is to man most irrecoverable ?
Brandon : His virtue.
Henry : No. For by his actions, he may redeem his virtue.
Brandon : Then his honour.
Henry : No. Again, he may find the means to recover it, even as a man recovers some fortune he has lost.
Brandon : Then I cannot say, your Majesty.
Henry : Time, your Grace. Of all losses, time is the most irrecuperable, for it never be redeemed. ¹
Henry : Ces derniers jours, j'ai beaucoup pensé à la perte.
Quelle perte, Votre Grâce, est pour l'homme la plus irremplaçable ?
Brandon : Sa vertu.
Henry : Non. Car par ses actions, il peut racheter sa vertu.
Brandon : Alors son honneur.
Henry : Non. Car encore une fois, il peut trouver le moyen de le racheter, comme un homme retrouverait sa fortune perdue.
Brandon : Alors je ne sais que dire, Votre Majesté.
Henry : Le temps, Votre Grâce. De toutes les pertes, le temps est la plus irrécupérable car il ne se rachète jamais.

Notre ami le bon Roi Dagobert Henry s'interroge donc sur sa mortalité (il serait peut-être temps) et se raccroche à son dernier ami, ce cher vieux Brandon, fidèle au poste comme Lassie (en même temps, il a pas trop le choix, la défaveur du roi ne pardonne pas).
Brandon, l'alter ego. L'incarnation miroir de ce qui aurait pu être, si l'on n'avait été roi. Encore beau, vaillant malgré l'âge (look très Dernier Samurai quand il combat à Boulogne !), aimé d'une femme jeune et fidèle, admiré de ses enfants ... et heureux.

Henry, lui, est décrépi, constamment alité à cause de sa blessure, aigri, détesté de quasi tous, incapable d'affection sans passer par la menace déguisée. Sans oublier obèse, capricieux et qui se prend pour Dieu.
Jonathan Rhys Meyer a réussi à transformer son visage, peut-être à l'aide de quelques cotons dans les bas-joues. C'est le Parrain u_u
Sa mâchoire s'avance en répugnantes mimiques de dégoût, il boite lourdement. Le pourpoint est plus rouge, plus décoré, bref alourdi (même technique sur Brandon) et à défaut de lui ajouter 70 kgs, les producteurs ont eu le meilleur goût de rendre Henry aussi imposant physiquement qu'il devait l'être de par son statut.
C'était pas jouable autrement de toute façon.
Henry VIII était obésissime bien avant ces 2 ou 3 derniers épisodes où on le voit enfin décadent. Imaginez LE personnage principal, ce héros sexy (beaucoup plus que l'original, mais c'est le parti pris de cette série) et BAM d'un coup faudrait le flinguer à grands coups de cuillères de Nutella dans le bide ? Berk les scènes d'amour (on a pas envie d'imaginer le calvaire de Katherine Howard) et puis berk tout court à chaque scène avec lui.

Dans l'une des dernières scènes, les auteurs de la série se sont d'ailleurs fait plaisir en re-créant le fameux portrait d'Henry par Holbein (ils avaient déjà fait le coup avec le portrait d'Ann Boleyn).
Inutile de préciser que celui de la série est nettement plus avantageux que l'original.
Dans l'épisode, Henry s'en prend à Holbein pour l'avoir peint avec trop de réalisme, vieux et usé, alors qu'il voulait le portrait d'un roi, dans toute sa grandeur, proche du divin.
On imagine bien le vrai Henry VIII exiger ce genre de prouesse ... alors quand on voit le résultat peu avantageux, on peut se demander jusqu'à quel point l'artiste a arrangé la vérité.

Ainsi donc, fort heureusement, l'épisode ne vire pas dans l'incroyable mais vrai. On voyait mal cet indécrottable d'Henry se mettre à regretter toutes les tortures et assassinats qu'il a ordonné. Certains rois, en fin de vie, sont devenus soudainement très pieux mais notre Henry garde un minimum de dignité. C'était peut-être un sale pourri ... mais un sale pourri qui s'assume et qui pense que tout ce qu'il fait lui vient de Dieu.
Après tout, le "commerce des indulgence" était un des déclencheurs du mouvement protestant. Ca n'aurait pas été crédible si Henry s'était mis d'un coup à prier Dieu de lui pardonner tous ses crimes.

Transformation d'Henry VIII au fil des saisons :


Finalement ce final était plutôt réussi.
On est déçu que ça s'arrête, surtout parce qu'on sait que "ça continue" ... avec Bloody Mary, avec Elizabeth et l'Age d'Or, avec l'évolution de la Réforme vers l'Anglicanisme, etc ...

On leur pardonne les petits arrangements avec l'Histoire.
Puisque si on suivait cette série, c'est bien parce qu'on l'aimait comme ça : sex, God & rock'n'roll.
Leurs omissions en pagaille (pourquoi oublier Lady Jane Grey ? :o), leurs "allez-lui-on-le-tue" dès qu'un personnage ne servait plus l'intrigue (la mort d'Henry Fitzroy, premier héritier mâle, en saison 1, était un peu abusée par exemple, vu l'importance politique qu'il a occupée par la suite), leurs mélanges de second rôles à la louche, oui oui on laisse couler ... (encore un exemple pour la route : Thomas Wyatt -saison 2- est censé avoir été très ami avec Henry Howard, Comte de Surrey -saison 4-. Tous deux poètes, ils sont même à l'origine de la popularisation du sonnet en Angleterre :o).

Parce qu'il FALLAIT choisir. Impossible de tout détailler, sans nuire au scénario, sans s'éloigner des personnages les plus passionnants.
Parfois les auteurs ont justement légèrement détourné la vérité pour renforcer le romanesque. Comme lorsqu'ils évoquent le Palais de Sans-Pareil (Non Such Palace), c'est pour mieux insister sur la tristesse d'Henry à la mort de Jane Seymour. Ce palais au nom de conte de fée fait rêver parce qu'il devait célébrer la puissance et la magnificence de la Maison Tudor, il devait dépasser le Chambort de François Ier ... et de ce Palais, il ne reste rien.
L'épisode de la saison 3 qui y est consacré, permet donc de recentrer le récit sur la personnalité même d'Henry VIII, à un tournant de sa vie.

- CG du Palais de Sans-Pareil à la fin de la troisième saison -


Enfin, je leur pardonne même les scènes de tortures à OUTRANCE. Quand j'y repense, elles servaient à nous maintenir dans l'ambiance de l'époque, quand n'importe qui (même les enfants) pouvait assister au terrifiantes mises à mort. Qui gens de noblesse, qui homme (ou femme) du peuple pouvait se retrouver écartelé, tenaillé ou brûlé vif pour avoir dit un seul mot de travers.

Car oui j'ai souffert u_u La saison 3 ne nous a pas épargné les pires horreurs (quasiment une torture différente à chaque épisode) et la 4 n'a qu'à peine ralenti le rythme infernal de ces sadiques.
Sous prétexte de nous servir toutes les variantes du fameux Hanged, drawn and quartered, sous prétexte de montrer à quel point Henry devenait plus inhumain et plus insensible chaque jour passant, on a eu droit à quelques monstruosités qui me feront cauchemarder pendant un moment T__T

Aaaaaah c'était bien les Tudors XD
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the tudors fan wiki | the tudors on showtime
¹ citation originale du vrai Henry VII : the mask of royalty p.221




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